Prurit anal

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Le prurit anal correspond à des démangeaisons au niveau de l’anus. Le prurit anal est le plus souvent bénin, mais il peut être très gênant pour la personne qui en souffre, surtout lorsqu’il devient chronique.

Le prurit anal peut aussi être la manifestation d’autres pathologies qui nécessitent une prise en charge. Si généralement des mesures d’hygiène suffisent à le soulager, il est parfois nécessaire d’instaurer un traitement spécifique. Dans tous les cas, il est fondamental d’en rechercher la cause. Voyons ce sujet plus en détails.

Qu’est-ce que le prurit anal ?

Le prurit anal (ou démangeaisons anales) est le symptôme proctologique le plus fréquent et touche quatre fois plus les hommes que les femmes. Il est considéré comme sous-diagnostiqué par les médecins, car beaucoup de patients ne le mentionnent pas à leur médecin traitant.

Deux types de prurit anal sont définis :

  • Le prurit primaire ou idiopathique : non associé à une pathologie, il est présent dans 25 à 75 % des cas, encore parfois appelé prurit psychogène.
  • Le prurit secondaire : associé à une pathologie.

Bon à savoir : en fonction de la durée des symptômes et de leur importance, le prurit anal peut avoir des répercussions importantes sur la qualité de vie des patients (vie professionnelle, vie sociale, sommeil, etc.).

Causes du prurit anal

Les causes du prurit anal sont très nombreuses, mais dans près de la moitié des cas, aucune cause n’est retrouvée (le prurit anal est dit essentiel). Parmi les causes du prurit anal, se retrouvent des origines locales (dans la région de l'anus) et des origines systémiques (au niveau de tout l'organisme). 

Causes locales du prurit anal

Le prurit anal peut résulter de troubles locaux, proches de la région anale :

  • Les maladies de l’anus entraînent fréquemment un prurit anal : des fistules anales (sorte de tunnel entre l'anus et la peau autour de l'anus) responsables d'infections et d'écoulements de pus et une fissure anale (plaie de la peau au niveau de l'anus) provoquant un écoulement de sang. 
  • Différentes infections peuvent être à l'origine d'un prurit anal :
    • des infections parasitaires : les oxyures (vers) surtout chez les enfants, la gale, l'infection génitale par Trichomonas (maladie sexuellement transmissible) ;
    • des infections fongiques (les mycoses digestives ou vaginales) ;
    • des infections bactériennes (infections cutanées ou urinaires telles que des cystites) ;
    • des infections virales : la condylomatose à papillomavirus, le cancer du col de l’utérus, l’herpès génital

Prurit anal : causes systémiques 

Le prurit anal peut résulter d'une affection généralisée à tout l'organisme et qui se manifeste localement par un prurit anal :

  • Des affections cutanées systémiques peuvent toucher la peau autour de la région anale : le psoriasis, l'eczéma, le lichen plan ou le lichen scléro-atrophique, des tumeurs cutanées, des dyskératoses (maladie de Bowen, maladie de Paget), des maladies bulleuses auto-immunes (pemphigus). 
  • Les hémorroïdes ne causent pas directement un prurit anal, mais un prurit anal peut être associé aux hémorroïdes de grade 4 accompagné d’un suintement. 
  • Des pathologies digestives peuvent provoquer un prurit anal : le cancer colorectal, les troubles chroniques du transit intestinal (constipation ou diarrhées), la maladie de Crohn
  • D’autres pathologies sont connues pour engendrer un prurit anal chez certains patients : l'hypothyroïdie, le diabète (mauvais fonctionnement des sphincters, infections répétées), certaines pathologies du sang (maladie de Hodgkin, certaines anémies), l'incontinence urinaire, l’insuffisance rénale. 
  • La prise de certains médicaments peut induire un prurit anal, mais les cas restent rares (la quinidine (anti-arythmique), la colchicine (traitement de la goutte), des antibiotiques, la gemcitabine (médicament de chimiothérapie)). 

Prurit anal : quels symptômes ?

Certains facteurs sont connus pour déclencher ou aggraver le prurit anal : l’obésité, la grossesse, la ménopause, l’alcool, la consommation de certains aliments (épices, thé, café, produits laitiers, citrons, raisins, tomates, chocolat), une transpiration excessive, un défaut ou un excès d’hygiène. 

Le prurit anal se manifeste principalement par des démangeaisons de l’anus :

  • des sensations d’irritation, de brûlure ;
  • des démangeaisons importantes avec une envie irrépressible de se gratter ;
  • des troubles du sommeil en cas de démangeaisons nocturnes ;
  • des lésions dues au grattage avec un risque de surinfection ;
  • des traces de sang ou de suintement liées aux lésions de grattage ;
  • une hypersensibilisation de la peau en cas de lésions chroniques aggravant le prurit (constitution d'un cercle vicieux). 

À noter : les démangeaisons peuvent apparaître brutalement et disparaître tout aussi brutalement. Elles peuvent survenir à n’importe quel moment de la journée ou de la nuit.

Diagnostic et prise en charge du prurit anal

Le diagnostic de prurit anal repose sur la description des symptômes par le patient et sur l’auscultation du médecin. Le prurit anal est classé en 4 stades en fonction de la gravité des lésions.

Les quatre stades du prurit anal (classification de Gordon)
Stades Symptômes
0 Peau normale
1 Peau rouge et inflammatoire
2 Plages lichénifiées blanchâtres
3 Plages lichénifiées, plis de l’anus épaissis, ulcérations fréquentes

La recherche de l’origine du prurit anal est plus complexe et repose sur différents éléments :

  • un interrogatoire du patient (symptômes, hygiène, habitudes alimentaires, transit intestinal…) ;
  • une auscultation du corps entier à la recherche d’une pathologie cutanée ;
  • des analyses de sang à la recherche de troubles métaboliques (diabète, troubles thyroïdiens…) ;
  • des prélèvements pour effectuer des analyses microbiologiques (recherche d’une infection) ;
  • plus rarement, des examens gastro-entérologiques (anuscopie, rectoscopie, coloscopie) ou proctologiques (manométrie ano-rectale, défécographie). 

La prise en charge du prurit anal est double : adopter des mesures de prévention pour limiter la survenue et la récidive du prurit anal, mais aussi limiter l’ampleur du prurit anal en cours et traiter la cause du prurit anal lorsqu’elle a été identifiée.

Quelques mesures de prévention

Différentes mesures de prévention et d’hygiène de vie peuvent être instaurées pour limiter le prurit anal et ses conséquences :

  • Le lavage de la région anale avec un savon doux, neutre ou un produit sans savon, après chaque défécation si possible.
  • L'essuyage de la région anale avec du papier hygiénique non parfumé et non coloré en tamponnant sans frotter.
  • Le port de sous-vêtements larges et en coton, changés tous les jours.
  • La limitation des aliments irritants (épices, café, thé, alcool, chocolat, etc.).
  • Une alimentation adaptée pour réguler le transit intestinal.
  • L'arrêt d'utilisation de toute pommade, crème, lait utilisés auparavant.
  • Se couper les ongles pour limiter les lésions de grattage.
  • La réalisation de 2 à 3 bains tièdes de siège par jour. 

Bon à savoir : ces mesures d'hygiène de vie et de prévention permettent dans de nombreux cas de résoudre le prurit anal et d'éviter les récidives. 

Traitement du prurit anal

Le traitement du prurit anal repose sur deux aspects. Le traitement de la cause, lorsqu’elle a pu être identifiée, permet de supprimer le prurit anal :

  • le traitement de la crise hémorroïdaire ;
  • un traitement vermifuge contre les infections parasitaires avec désinfection de la literie et des vêtements ;
  • le traitement des infections virales ou bactériennes ;
  • un traitement adapté de la pathologie cutanée ; 
  • le traitement des troubles métaboliques associés (diabète, thyroïde). 

Un traitement du prurit et des lésions de grattage est nécessaire lorsque les mesures de prévention et d'hygiène demeurent insuffisantes :

  • une solution antiseptique locale pour assécher les lésions suintantes ;
  • une pommade dermocorticoïde pour réduire l'inflammation des lésions ; 
  • un antihistaminique par voie orale pour calmer les démangeaisons. 

À noter : dans certains cas, le prurit résiste aux mesures d’hygiène et aux traitements mis en place. Le prurit anal est alors qualifié de rebelle et reste alors difficile à soigner. 

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